Réalité virtuelle et réalité augmentée : une histoire de perte de contrôle ?

Crédit photo: POP.H / Source / CC BY-ND
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Dans le cadre le Laval Virtual 2015, J’ai eu le plaisir d’organiser et d’animer dix tables rondes. Le fil rouge des discussions fut les apports et les usages de la réalité augmentée (RA) et de la réalité virtuelle (RV) dans cinq domaines distincts : le transport et la logistique, la formation et l’éducation, la communication et le commerce, les loisirs et le trio culture / musée / patrimoine. Nous avons exploré de multiples possibilités avec des intervenants à la fois professionnels et usagers des technologies. Une chose m’a cependant profondément marquée, car elle est apparue dans toutes les discussions : le basculement du « contrôle », du sachant vers l’usager grâce (ou à cause) des technologies en question. Ce thème sous-jacent me semble finalement une bonne explication des difficultés rencontrées par les professionnels pour diffuser leurs technologies dans les entreprises, les organisations, les institutions, alors même que le grand public les a déjà adoptés.

Soyons clair, la notion de perte de contrôle de « celui qui sait » est plus ancienne que la RA ou la RV. Mais ces deux technologies lui donnent une saveur particulière. En RV, l’utilisateur évolue librement dans un monde récréé. En RA des informations lui sont apportées de manière contextuelle, donc en fonction de ses propres actions, toujours libres. Bref, il fait ce qu’il veut ! Si on se place maintenant dans la position des créateurs de contenus ou d’expériences dans les domaines dont nous avons parlés, la situation est un peu différente. Voici quelques illustrations entendues dans les débats :

  • Le réalisateur de film a un scénario et construit une histoire avec des plans et des cadrages. Il « donne à voir » au spectateur. S’il veut faire du cinéma immersif à 360° ou de la RV il doit accepter de ne plus contrôler la vision et parfois même la position du spectateur
  • Le créateur de formation construit un parcours avec des étapes et des évaluations. Un utilisateur assisté par de la RA peut éventuellement construire un autre parcours et sauter des étapes. Et la formation s’adapte à l’apprenant. Le créateur doit imaginer des interactions et les scénarios possibles
  • Le conservateur de musée connaît bien ses collections et va mettre en place des expositions, des parcours en fonction de ses objectifs. Un utilisateur avec une application de RA va consulter des contenus mettre en place sa propre exposition en fonction de ce qui l’intéresse. Il peut aussi interagir avec les œuvres et les monuments de manière personnelle.

controleOn peut multiplier les exemples à loisir. Pour en revenir aux tables rondes de Laval, la question fut aussi de savoir si cette évolution de l’utilisateur est inéluctable. La réponse est clairement oui … Le public est friand des technologies et des usages, il ne va pas y renoncer. Il est même demandeur de ces solutions. Et ensuite ? Quelles sont les évolutions possibles dans les différents domaines ? Il n’y a pas de réponse unique mais trois types de positions se sont détachés de toutes nos discussions :

  • Les conservateurs (sans notion péjorative) ont la volonté de transmettre quelque chose comme une expérience, un point de vue, une vérité scientifique, etc. On retrouve le formateur classique avec un programme de formation, le réalisateur de film qui a son scénario en tête, etc. Il y a peu de place à l’autonomie de l’utilisateur dans cette phase, elle viendra plutôt après. L’usage des technologies de RA et de RV dans cette optique reste contrainte à un scénario et sur le même plan que les autres façons de faire.
  • Les évolutionnistes pensent que la façon de transmettre change et que les « sachants » doivent vont changer également. Cela peut se faire par de manière volontaire, par de la formation et des expériences. Cela peut aussi passer dans certains domaines par une « évolution naturelle » de la pyramide des âges : les anciens étant progressivement remplacés par des plus jeunes ayant des méthodes différentes.
  • Les dynamiteurs pensent eux que le « sachant » va disparaître et que son rôle va se répartir collectivement entre les utilisateurs. Ils se concentrent donc sur les données que l’on met à disposition pour que chacun puisse proposer sa propre vision.  Les conservateur de musées, les réalisateurs, les professeurs disparaissent en tant que métier et deviennent des « fonctions ». Dans cette vision les lieux spécialisés ont également tendance à disparaître car tout est accessible partout.

Personnellement j’ai tendance à penser que les dynamiteurs sont les plus proches de la vérité pour les quelques années à venir. Ce qui me conforte dans cette idée est surtout une affaire de timing. Le grand public, ou plutôt nous faisons évoluer nos usages rapidement. Peut être un peu moins vite que la technologie mais bien plus vite que les mentalités des conservateurs ou les changements des évolutionnistes.  Je n’imagine pas que nous soyons assez patients …

Vous pouvez vous faire vous même une idée sur le sujet en écoutant les tables rondes de Laval Virtual 2015, disponibles sur ce lien https://vimeo.com/tag:laval+virtual+2015+audio

Et maintenant ?
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4 commentaires pour “Réalité virtuelle et réalité augmentée : une histoire de perte de contrôle ?

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